La semaine s'est achevée et, bien contentes de la météo de ce dimanche qui prévoit un grand soleil et peu ou pas de vent, nous partons rejoindre Christian sur son bateau. Il fait frais, mais la mer, formée d'une petite houle, résidu de la semaine venteuse qui a précédé, nous appelle.
Nous gréons nos équipements à quai et notre Capitaine prend rapidement la barre. Ça y est, nous voilà partis pour notre plongée dominicale ! Lorsque nous sortons du port de la Pointe Rouge, la houle se fait un peu plus sentir. Mais comme le vent ne souffle pas, nous nous dirigeons vers les îles de Marseille, sur Riou précisément. Une fois passé le petit chenal qui sépare le Cap Croisette de l'île de Maïre, où la vitesse est réduite, nous repartons plein gaz vers notre destination. Peut-être pourrons nous cette fois-ci plonger sur le site La Pierre à Daniel ? Alors que nous approchons de la rive près de laquelle se trouve le site, nous constatons que la houle vient assez fortement claquer la roche, ce qui rend le mouillage du bateau un peu compliqué, surtout risqué si la houle venait à s'amplifier durant l'immersion. Nous nous replions sur le site que nous avons fait avec plaisir quelques semaines auparavant, Les Moyadons.
Nous mouillons à quelques mètres de la roche affleurante. Elle doit être bien dangereuse cette roche lorsque la mer est d'huile et que l'on ne connait pas bien les dangers du coin. Là, la houle dévoile régulièrement la roche et surtout, la borde de son écume bien blanche en permanence. Une fois l'ancre bien positionnée, logiquement sur du sable par vingt mètres, le bateau attaché, il ne reste plus qu'à terminer de se préparer et aller à l'eau. Je jette les trois blocs dans l'eau, attachés à leur pendille. J'enfile ma cagoule, mes palmes et hop, dans l'eau. Alors que j'entreprends tout juste de capeler mon scaphandre, je vois à quelques mètres devant moi quelque chose flotter... Zut, mes gants ! Je n'ai pas l'intention de les perdre, ni de plonger sans d'ailleurs. Bien que je sois équipée d'une étanche, l'eau à 13°C est encore un peu froide pour s'en passer. Je me détache et pars les rechercher. Alors que je termine de me préparer, nous repérons un semi-rigide que nous reconnaissons vite : Pierre et Patricia nous approchent. Ils sont en compagnie de Fred et Niki. Ils souhaitent plonger sur Moyades, le site très proche du nôtre. Nous discutons deux minutes, mais Christian est dans l'eau, et lui n'est pas équipé d'une combinaison étanche : il ne compte pas rester en surface longtemps!
Nous partons vérifier l'ancre qui est juste là où elle devait être, nous partons sur la bande de sable, plage qui descend de plus en plus profond. Vers 30 mètres, se trouve un filet de pêcheur abandonné. Nous le longeons pour trouver la roche que nous allons suivre. Nous passons le filet sur une pointe. Alors que j'observe un bout de filet, mon attention est attirée par une masse qui s'enfonce dans un trou juste en-dessous de moi. Je descends un peu, éclaire dans le trou : la tête d'un énorme congre me regarde avec curiosité. J'attire l'attention de Françoise afin qu'elle le prenne en photo, bien qu'elle soit équipée en macro, ce devrait être bien sympa. Je m'écarte pour qu'elle puisse régler son appareil (qui n'arrivera pas à faire le focus, l'endroit où est le congre est trop sombre, la lampe pilote n'y fera rien ! ). J'attends un peu plus haut et éclaire à nouveau dans un trou : la queue du congre est là et un deuxième habitant se trouve dans cette faille, une belle murène ! C'est une association que l'on trouve fréquemment en plongée, un congre et une murène partageant la même cache. Christian qui était un peu plus loin arrive sur cette image et je m'écarte pour qu'il puisse regarder à son tour. C'est là que j'aperçois le premier chapon, assez petit. Il n'a absolument pas bougé alors que je ne devais être qu'à quelques centimètres quelques minutes plus tôt. Nous continuons de l'autre côté de la roche. Elle est recouverte de superbes gorgones à partir de cet endroit. Ces dernières sont majoritairement pourpres, mais quelques bicolores jaune-pourpre embellissent le paysage. En regardant vers le haut du tombant, nous constatons que la roche est percée, formant une petite arche dont l'intérieur est colonisé par les gorgones ! Alors que je contemple ce beau tableau, je me dis que nous devrions revenir avec le grand angle, la photo devrait être très jolie ! Le faisceau de mon phare éclaire alors une paire d'antennes signalant la présence d'une langouste. Puis deux, trois... Elles sont de toute taille, d'une toute pitchounette à des individus de bonne taille. Nous sommes à 40 mètres, dans les gorgones, un HLM à langoustes ! Françoise va tester un certain nombre de prise de vue de ces dernières. Comme elle sont au balcon, peu farouches, elles se prêtent bien au jeu du portrait.  
Alors que j'attends la fin des clichés, je remarque une drôle de forme dans le creux d'une roche. Un poisson de bonne taille, dont je ne reconnais pas l'espèce, semble dormir. J'avertis Christian et Françoise qui approchent pour observer le poisson. Ce dernier semble se réveiller et part tranquillement vers le large. C'est à ce moment que je m'aperçois qu'il y avait juste devant lui un très gros chapon, qui, une fois encore, ne semble pas avoir bougé malgré notre approche. 
Il est temps de penser à remonter un peu, nous sommes à plus de 40 mètres depuis pas mal de temps et nous avons donc du pallier de prévu. Le haut du tombant est à 30 mètres, nous reviendrons en le longeant.  Françoise me signe avec son phare : elle a repéré une boule orange non identifiée... C'est joli, mais on ne sait absolument pas ce que cela peut bien être.
Un peu plus loin, elle m'arrête à nouveau. Dans une faille du haut de tombant, un joli poulpe joue dans les gorgones. Mais ce n'est pas ça qui attire le plus la photographe, c'est surtout cette jolie Flabellina Babai. Après quelques photos, nous repartons, mais nous arrêtons quelques mètres plus loin : une autre Flabellina Babai se ballade sur la roche. Il est grand temps de remonter, nous ne voulons pas prendre trop de palier. Christian remonte en premier, il est resté un peu plus haut que nous, il ne souhaite pas cumuler les paliers dans une eau si peu chaude. Nous partons donc en direction de la roche affleurante pour commencer notre décompression. En passant, nous longeons un nouveau joli tombant recouvert de gorgones pourpres, un peu plus petites que celle du tombant plus profond, mais en nombre assez important, par 20 mètres environ. Sur le plateau juste au-dessus, nous trouvons de gros rochers. Nous n'avons pas trop le temps de nous y attarder, même si nous y dénichons une belle mostelle. Elle est trop timide pour être prise en photo et part se cacher sous la roche. Nous poursuivons notre remontée jusqu'à la zone de pallier. Nous resterons à l'abri de la houle derrière une roche, assez tristounette d'ailleurs. Et c'est après une petite heure de plongée que nous remontons à bord, tous bien réjouis de cette très belle plongée ! Photo © Françoise Cliquez sur les photos pour les agrandir |